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Afrique du Sud: Cour constitutionnelle Soutenir SAFLII

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Association sud-africaine des avocats spécialisés en dommages corporels c. Heath et autres (CCT27 / 00) [2000] ZACC 22; 2001 (1) SA 883; 2001 (1) BCLR 77 (28 novembre 2000)

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COUR CONSTITUTIONNELLE D'AFRIQUE DU SUD




Affaire CCT 27/00


ASSOCIATION D'AFRIQUE DU SUD DES
AVOCATS POUR DOMMAGES PERSONNELS Appelant

contre

HEATH, WILLEM HENDRIK Premier défendeur

L'UNITÉ SPÉCIALE D'ENQUÊTE DeuxiĂšme dĂ©fendeur

PRÉSIDENT DE LA RÉPUBLIQUE D'AFRIQUE DU SUD TroisiĂšme dĂ©fendeur

LE MINISTRE DE LA JUSTICE QuatriÚme défendeur Audience tenue


le: 7 septembre 2000

Décidé le: 28 novembre 2000




JUGEMENT






CHASKALSON P:


Introduction

[1]La loi sur les unitĂ©s spĂ©ciales d'enquĂȘte et les tribunaux spĂ©ciaux [1] (la loi) est entrĂ©e en vigueur en novembre 1996. Selon le titre intĂ©gral de la loi, son objet est le suivant:

"PrĂ©voir la crĂ©ation d'unitĂ©s spĂ©ciales d'enquĂȘte chargĂ©es d'enquĂȘter sur les fautes graves ou les cas de mauvaise administration liĂ©s Ă  l'administration des institutions publiques, des biens de l'État et des deniers publics ainsi que tout comportement susceptible de nuire gravement aux intĂ©rĂȘts du public, et de la crĂ©ation de tribunaux spĂ©ciaux chargĂ©s de statuer sur les affaires civiles dĂ©coulant des enquĂȘtes des unitĂ©s spĂ©ciales d'enquĂȘte; et de pourvoir aux questions accessoires. "

[2]Cet appel concerne la constitutionnalitĂ© d'importantes dispositions de la loi et de deux proclamations Ă©mises par le prĂ©sident en application de ses dispositions. Il reflĂšte une tension qui existe souvent entre la nĂ©cessitĂ© pour le gouvernement de faire face aux menaces contre l'État dĂ©mocratique et l'obligation pour lui de le faire d'une maniĂšre qui respecte les valeurs de la Constitution.

[3]La tension est évidente dans l'affidavit du ministre de la Justice, le quatriÚme intimé dans la demande, qui a déclaré:

«Il est regrettable et notoire que les niveaux de criminalitĂ© en Afrique du Sud soient inacceptablement Ă©levĂ©s. Un aspect de la criminalitĂ© qui nĂ©cessite des mesures d'enquĂȘte spĂ©ciales concerne la corruption et les comportements illĂ©gaux impliquant des institutions publiques, des biens publics et des deniers publics. TrĂšs souvent, de tels comportements sont perpĂ©trĂ©s par des fonctionnaires et des fonctionnaires de l'État. L'expĂ©rience d'autres pays suggĂšre que l'enquĂȘte sur un comportement de cette nature nĂ©cessite des mesures spĂ©ciales au-delĂ  des enquĂȘtes de routine menĂ©es par les services rĂ©pressifs conventionnels. »

[4]La corruption et la mauvaise administration sont incompatibles avec l'Ă©tat de droit et les valeurs fondamentales de notre Constitution. Ils sapent l'engagement constitutionnel envers la dignitĂ© humaine, la rĂ©alisation de l'Ă©galitĂ© et la promotion des droits et libertĂ©s de la personne. Ils sont l'antithĂšse du gouvernement ouvert, responsable et dĂ©mocratique requis par la Constitution. S'ils sont autorisĂ©s Ă  rester incontrĂŽlĂ©s et impunis, ils constitueront une grave menace pour notre État dĂ©mocratique. Il ne peut y avoir de querelle avec le but recherchĂ© par la Loi ou l'importance de ce but. Cet objectif doit cependant ĂȘtre poursuivi conformĂ©ment aux dispositions de la Constitution. L'appel en l'espĂšce dĂ©pend de la question de savoir si cela a Ă©tĂ© fait.


L'arriĂšre-plan

[5]En mars 1997, le prĂ©sident, agissant en vertu des dispositions de la loi, a crĂ©Ă© une unitĂ© spĂ©ciale d'enquĂȘte (UES), qui est le deuxiĂšme dĂ©fendeur dans le prĂ©sent appel. Le chef de l'UES est le premier dĂ©fendeur qui est juge Ă  la Haute Cour. Je traiterai plus tard du rĂŽle du chef de l'UES et des pouvoirs confĂ©rĂ©s Ă  l'UES par la Loi. Pour le moment, il suffit de dire que l'UES dispose de pouvoirs Ă©tendus, notamment celui d'enquĂȘter sur les allĂ©gations de corruption, de mauvaise administration et de comportement illicite ou rĂ©prĂ©hensible qui portent atteinte aux institutions de l'État ou qui peuvent porter gravement atteinte aux intĂ©rĂȘts du public ou de tout autre de celle-ci et d'engager des poursuites pour rĂ©cupĂ©rer les pertes que l'État aurait pu en subir.

[6]Le 26 mars 1999, une allĂ©gation a Ă©tĂ© renvoyĂ©e au deuxiĂšme dĂ©fendeur pour enquĂȘte en vertu de la loi. L'allĂ©gation Ă©tait qu'il y avait eu

«Le défaut par des avocats, agissant au nom de toute personne en ce qui concerne une demande d'indemnisation du Fonds des accidents de la route, de payer à ces personnes le montant net total reçu au titre de l'indemnisation du Fonds des accidents de la route aprÚs déduction d'un montant raisonnable et / ou le montant taxé au titre des frais d'avocat-client. . . " [2]

[7]L'appelant est une association bĂ©nĂ©vole dont les membres sont des avocats et des avocats dont les pratiques impliquent des litiges pour blessures corporelles. Elle soutient que les pouvoirs d'enquĂȘte confĂ©rĂ©s au deuxiĂšme dĂ©fendeur par la loi sont trĂšs intrusifs, que l'exercice de ces pouvoirs contre l'un quelconque de ses avocats constituerait une atteinte Ă  leur vie privĂ©e et causerait un prĂ©judice irrĂ©parable Ă  leur rĂ©putation professionnelle. Bien que l'appelant nie que l'un quelconque de ses membres ait jamais agi de maniĂšre illĂ©gale ou irrĂ©guliĂšre en relation avec des sommes reçues par lui au nom de ses clients au titre de l'indemnisation de la Caisse des accidents de la route (RAF), il affirme avoir vĂ©rifiĂ© que l'UES est solliciter des plaintes contre certains de ses membres pour permettre Ă  l'unitĂ© d'enquĂȘter sur la façon dont ils traitent les demandes de la RAF.

[8]C'est dans ces circonstances que l'appelant a introduit un recours devant la Haute Cour du Transvaal. Il a demandĂ© une ordonnance dĂ©clarant certaines dispositions de la loi incompatibles avec la Constitution. De plus, l'appelant a demandĂ© des ordonnances en rĂ©vision et en annulation de la proclamation en vertu de laquelle le premier intimĂ© a Ă©tĂ© nommĂ© et de la proclamation en vertu de laquelle les allĂ©gations concernant des avocats en dommages corporels ont Ă©tĂ© renvoyĂ©es au deuxiĂšme intimĂ© pour enquĂȘte. Une autre rĂ©paration non pertinente pour cet appel a Ă©galement Ă©tĂ© demandĂ©e.

[9]La demande a été rejetée par Coetzee AJ devant la High Court [3] et, avec l'autorisation accordée en vertu de la rÚgle 18, l'appelant a fait appel directement devant cette Cour contre cette ordonnance. Les premier et deuxiÚme défendeurs ont indiqué devant la High Court qu'ils avaient adopté une position neutre en la matiÚre et qu'ils respecteraient la décision de cette Cour. Ils n'ont fait aucune représentation devant cette Cour. Les troisiÚme et quatriÚme répondants se sont opposés à l'appel.


Les problĂšmes

[dix]Devant la Haute Cour, les troisiÚme et quatriÚme répondants (les défendeurs) ont soulevé un certain nombre de questions préliminaires. Ils ont contesté la qualité de l'appelant pour demander la réparation demandée et ils ont soutenu que la demande était prématurée. Ils ont également soutenu que l'appelante n'avait pas la capacité de plaider parce qu'elle comptait plus de 20 membres, était une association créée dans le but d'exploiter une entreprise pour l'acquisition de gains par ses membres, et en violation de la Loi sur les sociétés 61 de 1973 [4] n'était pas enregistrée en tant que société en vertu de cette loi. Les exceptions préliminaires ont été rejetées par Coetzee AJ. [5] Bien que l'appelant ait soulevé à nouveau les questions dans sa plaidoirie écrite devant cette Cour, nous avons été informés à l'audience de l'appel qu'il ne se fondait plus sur ces allégations et qu'il les avait abandonnées. Dans ces conditions, il n'est pas nécessaire d'en dire plus à ce sujet.

[11]L'appelant soulĂšve trois questions distinctes dans l'appel. Il soutient que:

a) l'article 3 (1) de la Loi et la nomination du premier dĂ©fendeur [6] Ă  la tĂȘte de l'UES sont contraires Ă  la Constitution car ils portent atteinte Ă  l'indĂ©pendance du pouvoir judiciaire et Ă  la sĂ©paration des pouvoirs requise par la Constitution;

b) la Proclamation renvoyant l'allégation concernant la conduite des avocats chargés des réclamations de la RAF [7] était en tout état de cause hors du champ d'application de la loi et, par conséquent, invalide; et

3) les pouvoirs de perquisition conférés au deuxiÚme défendeur par la loi sont contraires au droit à la vie privée que chacun a en vertu de l'article 14 de la Constitution et sont donc invalides.


Avant d'examiner ces arguments, il conviendra de décrire l'économie de la loi et les dispositions pertinentes au présent pourvoi.

Le régime et les dispositions pertinentes de la loi

[12]Le prĂ©sident est habilitĂ© par la loi [8] Ă  crĂ©er une UES aux fins d'enquĂȘter sur les allĂ©gations de mauvaise administration ou de conduite illĂ©gale ou irrĂ©guliĂšre pour l'un des motifs spĂ©cifiĂ©s Ă  l'article 2, paragraphe 2, de la loi. Les motifs mentionnĂ©s au paragraphe (2) sont tous allĂ©guĂ©s:

« ( A ) mauvaise administration grave en ce qui concerne les affaires de toute institution d'État;
( B ) de conduite inappropriĂ©e ou illĂ©gale par les employĂ©s d'une institution d'État;
( C ) appropriation illégale ou les dépenses de fonds publics ou de biens;
( D ) un acte illégal, acquisitive irréguliÚre ou non approuvé, transaction, mesure ou pratique ayant une incidence sur les biens d' Etat;
( E ) perte intentionnelle ou par négligence de fonds publics ou des dommages aux biens publics;
( F ) la corruption dans le cadre des affaires de toute institution d'État; ou
( g) la conduite illĂ©gale ou irrĂ©guliĂšre de toute personne qui a causĂ© ou peut causer un prĂ©judice grave aux intĂ©rĂȘts du public ou de l'une de ses catĂ©gories. »

[13]Le paragraphe 3 (1) de la Loi prĂ©voit que le prĂ©sident doit nommer un juge ou un juge par intĂ©rim d'une Haute Cour Ă  la tĂȘte de l'UES. Le chef de l'UES nomme le personnel de l'unitĂ© qui se compose de «autant». . . des personnes aptes et appropriĂ©es », selon le chef de l'unitĂ©, sont nĂ©cessaires Ă  son bon fonctionnement. [9] L'UES a des pouvoirs d'enquĂȘte Ă©tendus, y compris le pouvoir de convoquer et d'interroger des personnes et d'effectuer des recherches de preuves pouvant ĂȘtre pertinentes pour ses enquĂȘtes.

[14]Si l'UES obtient des éléments de preuve «étayant toute allégation visée au paragraphe 2 (2)», elle peut engager des poursuites civiles à l'égard de ces questions dans un tribunal spécial (ST) [10] établi en vertu de la Loi pour traiter de ces questions.

[15]La Loi confĂšre Ă  la ST le pouvoir de statuer sur tout litige civil dĂ©coulant des enquĂȘtes de l'UES et portĂ© devant elle par l'UES. La ST peut rendre toute ordonnance qu'elle juge appropriĂ©e pour donner effet Ă  sa dĂ©cision. La ST fonctionne de la mĂȘme maniĂšre qu'un tribunal selon les rĂšgles Ă©dictĂ©es par son prĂ©sident.


Le rĂŽle du premier rĂ©pondant Ă  la tĂȘte de l'UES

[16]L'UES est une personne morale. [11] Selon M. Rheeder, qui se dĂ©crit comme le gestionnaire d'une Ă©quipe d'enquĂȘteurs et le responsable de l'enquĂȘte contre les avocats, le premier dĂ©fendeur est le chef Ă  plein temps de l'UES et n'a pas siĂ©gĂ© comme juge depuis l'Ă©tablissement du deuxiĂšme dĂ©fendeur en mars 1997.

[17]L'importance des fonctions exercĂ©es par le chef de l'UES ressort de l'affidavit du ministre. L'UES est actuellement engagĂ©e dans des enquĂȘtes sur une centaine d'organes d'État qui impliqueraient 221580 cas. Les enquĂȘtes s'Ă©tendent sur les 9 provinces et comprennent 12 enquĂȘtes nationales. Des sommes d'argent trĂšs importantes, reprĂ©sentant au total environ 3 milliards de rands, seraient en jeu. En tant que chef de l'unitĂ©, le premier rĂ©pondant est tenu d'exercer des fonctions exĂ©cutives. Il est responsable de la nomination du personnel de l'unitĂ© [12] qui peut comprendre des officiers dĂ©tachĂ©s de la fonction publique. [13] Il est Ă©galement responsable de leur supervision et a le pouvoir de rĂ©voquer tout membre de l'unitĂ© «s'il y a de bonnes raisons de le faire». [14] L'UES peut exiger de toute personne qu'elle lui fournisse des renseignements qui peuvent ĂȘtre raisonnablement nĂ©cessaires Ă  l'exercice de ses fonctions, [15] peut exiger que toute personne comparaisse devant elle pour produire des livres, des documents ou des objets, [16] peut interroger toute personne en vertu de serment [17], peut pĂ©nĂ©trer dans les locaux et les fouiller conformĂ©ment aux dispositions de la Loi [18] et, Ă  cette fin, peut «recourir Ă  la force nĂ©cessaire pour vaincre les rĂ©sistances Ă  l'entrĂ©e et Ă  la perquisition des locaux, y compris l'effraction de toute porte ou fenĂȘtre ». [19] L'UES doit renvoyer les Ă©lĂ©ments de preuve indiquant la commission d'une infraction Ă  l'autoritĂ© de poursuite pĂ©nale compĂ©tente [20].et peut engager une procĂ©dure civile dans une ST si elle a obtenu des Ă©lĂ©ments de preuve Ă©tayant toute allĂ©gation visĂ©e au paragraphe 2 (2) de la Loi. [21] Le premier intimĂ© est ultimement responsable de l'exĂ©cution de ces fonctions. En tant que chef de l'unitĂ©, il peut Ă©galement saisir le Protecteur du citoyen [22] et le procureur de la RĂ©publique ou une institution d'État pour l'engagement de poursuites judiciaires contre toute personne, si, au cours d'une enquĂȘte, des informations lui sont signalĂ©es qui, en son avis justifie l'ouverture d'une telle procĂ©dure par une institution Ă©tatique. [23] Le premier dĂ©fendeur doit dĂ©terminer comment chacune des enquĂȘtes doit ĂȘtre menĂ©e [24].et en tant que chef de l'unitĂ©, il a Ă©galement le pouvoir d'Ă©mettre des interdictions ou des ordonnances de suspension s'il a des raisons de croire qu'un retard dans la demande de ces ordonnances Ă  la ST causerait un prĂ©judice grave et irrĂ©parable aux intĂ©rĂȘts du public. Une telle commande doit ĂȘtre confirmĂ©e par la ST dans les 48 heures. [25] La taille du personnel de l'UES et son budget ne sont pas mentionnĂ©s dans les documents, mais ils doivent ĂȘtre substantiels. L'UES doit «de temps Ă  autre selon les instructions du prĂ©sident» faire rapport sur les progrĂšs [26] et, Ă  la fin de l'enquĂȘte, faire un rapport final au prĂ©sident. [27] Au moins deux fois par an, l'UES doit faire rapport au Parlement sur ses enquĂȘtes, ses activitĂ©s, sa composition et ses dĂ©penses. [28] LeLa loi 20 de 1957 sur la responsabilitĂ© des États est applicable Ă  l'UES et, aux fins de cette loi, le chef de l'UES est assimilĂ© Ă  un ministre d'un ministĂšre. [29]

[18]Coetzee AJ a conclu que les fonctions que le premier dĂ©fendeur doit remplir en vertu de la Loi Ă  titre de chef de l'UES ne sont pas incompatibles avec l'indĂ©pendance du pouvoir judiciaire. Il a estimĂ© qu'en vertu de notre Constitution, il n'existe aucune disposition expresse concernant la sĂ©paration des pouvoirs et qu'il n'Ă©tait pas compĂ©tent pour un tribunal d'annuler une disposition lĂ©gislative au motif qu'elle viole ce qui, au mieux pour l'appelant, n'est plus qu’un principe «tacite» de la Constitution. [30] Il a ajoutĂ© que les autoritĂ©s amĂ©ricaines et australiennes invoquĂ©es par l'appelant n'Ă©taient pas pertinentes, car les constitutions de ces pays prĂ©voient une sĂ©paration rigide des pouvoirs, alors que notre Constitution ne le fait pas. [31]

[19]Dans le droit des contrats, une distinction est Ă©tablie entre les clauses tacites et implicites. Le premier se rĂ©fĂšre aux termes que les parties avaient l'intention mais n'ont pas exprimĂ©s dans la langue du contrat, et le second, aux termes implicites par la loi. [32] Le fait de faire une telle distinction dans cet arrĂȘt pourrait ĂȘtre interprĂ©tĂ© comme entĂ©rinant la doctrine de l'intention initiale, ce que notre Cour n'a jamais fait. [33] Je prĂ©fĂšre donc faire rĂ©fĂ©rence Ă  des termes non exprimĂ©s comme Ă©tant «implicites» ou «implicites». [34]

[20]Coetzee AJ n'a citĂ© aucune justification pour sa conclusion selon laquelle une disposition lĂ©gislative ne peut ĂȘtre annulĂ©e au motif qu'elle est incompatible avec une disposition implicite de la Constitution. L'avocat n'a pu nous rĂ©fĂ©rer Ă  aucune autoritĂ© pour une telle proposition et M. Marcus, qui a comparu pour les intimĂ©s, n'y a pas fait confiance. Je ne peux accepter qu'une disposition implicite de la Constitution ait moins de force qu'une disposition expresse. Dans Fedsure [35], notre Cour a jugĂ© que le principe de lĂ©galitĂ© Ă©tait implicite dans la Constitution provisoire et qu'une lĂ©gislation qui violerait ce principe serait incompatible avec la Constitution et invalide. [36]

[21]Les constitutions des États-Unis et de l'Australie, comme la nĂŽtre, prĂ©voient la sĂ©paration des pouvoirs en attribuant le pouvoir lĂ©gislatif au pouvoir lĂ©gislatif, le pouvoir exĂ©cutif Ă  l'exĂ©cutif et l'autoritĂ© judiciaire aux tribunaux. [37] La doctrine de la sĂ©paration des pouvoirs telle qu'elle est appliquĂ©e aux États-Unis est fondĂ©e sur des infĂ©rences tirĂ©es de la structure et des dispositions de la Constitution, plutĂŽt que sur un enchĂąssement explicite du principe. [38] À cet Ă©gard, notre Constitution n'est pas diffĂ©rente.

[22]Dans le premier jugement de certification, notre Cour a jugé que les dispositions de notre Constitution sont structurées de maniÚre à prévoir une séparation des pouvoirs. [39] Dans l' affaire Western Cape [40], elle a imposé cette séparation en annulant une proclamation du président au motif que la disposition de la Local Government Transition Act [41] en vertu de laquelle le président avait agi en promulguant la proclamation, était incompatible avec la séparation des pouvoirs requise par la Constitution et, par conséquent, invalide. Il a également commenté la séparation constitutionnelle des pouvoirs dans d'autres décisions. [42] Il ne fait aucun doute que notre Constitution prévoit une telle séparation et que les lois incompatibles avec ce que la Constitution exige à cet égard sont invalides.

[23]Aux États-Unis, le prĂ©sident est chef du gouvernement et chef de l'État. Le prĂ©sident est Ă©lu au suffrage universel [43], et ni le prĂ©sident ni le cabinet ne sont membres du CongrĂšs. Le prĂ©sident est toutefois investi du pouvoir de veto sur les lois adoptĂ©es par le CongrĂšs. [44] En Afrique du Sud, le prĂ©sident est chef du gouvernement et chef de l'État. Le prĂ©sident est Ă©lu par le Parlement parmi ses membres mais cesse d'ĂȘtre dĂ©putĂ© aprĂšs avoir Ă©tĂ© Ă©lu. Les ministres sont nommĂ©s par le prĂ©sident parmi les membres du Parlement, restent membres du Parlement aprĂšs leur nomination et sont directement responsables devant lui. Il n'y a donc pas la mĂȘme sĂ©paration entre le lĂ©gislatif et l'exĂ©cutif qu'aux États-Unis. À cet Ă©gard, le systĂšme sud-africain de sĂ©paration des pouvoirs est plus proche du systĂšme australien. [45] LĂ -bas, le chef de l'État est la reine, reprĂ©sentĂ©e en Australie par le gouverneur gĂ©nĂ©ral. Le gouvernement du Commonwealth est dirigĂ© par le Premier ministre, et le Premier ministre et le Cabinet sont membres du Parlement. Dans ce systĂšme de «gouvernement responsable», la sĂ©paration entre le lĂ©gislatif et l'exĂ©cutif n'est pas aussi stricte qu'aux États-Unis. Cependant, dans les trois pays, il existe une sĂ©paration claire mais non absolue entre le lĂ©gislatif et l'exĂ©cutif d'une part, et les tribunaux d'autre part [46] . C'est cette sĂ©paration qui est en cause en l'espĂšce.

[24]L'application pratique de la doctrine de la séparation des pouvoirs est influencée par l'histoire, les conventions et les circonstances des différents pays dans lesquels elle est appliquée. Dans De Lange v Smuts, Ackermann J a déclaré:

«Je ne doute pas qu'au fil du temps, nos tribunaux dĂ©velopperont un modĂšle de sĂ©paration des pouvoirs typiquement sud-africain, qui correspond au systĂšme particulier de gouvernement prĂ©vu par la Constitution et qui reflĂšte un Ă©quilibre dĂ©licat, Ă©clairĂ© Ă  la fois par l'histoire de l'Afrique du Sud et son nouvelle dispense, entre la nĂ©cessitĂ©, d'une part, de contrĂŽler le gouvernement en sĂ©parant les pouvoirs et en imposant des freins et des contrepoids et, d'autre part, d'Ă©viter de diffuser le pouvoir si complĂštement que le gouvernement n'est pas en mesure de prendre des mesures opportunes dans l'intĂ©rĂȘt public.

Il s'agit d'une question complexe qui sera dĂ©veloppĂ©e plus en dĂ©tail au fur et Ă  mesure que seront tranchĂ©es les affaires de sĂ©paration des pouvoirs. Pour le moment, cependant, il suffit de dire que, quelles que soient les limites extĂ©rieures de la sĂ©paration des pouvoirs qui seront finalement dĂ©terminĂ©es, le pouvoir en question ici - c'est-Ă -dire le pouvoir de renvoyer un tĂ©moin non coopĂ©ratif en prison - est dans le cƓur mĂȘme du pouvoir judiciaire et ne peuvent donc pas ĂȘtre exercĂ©s par des officiers non judiciaires. » [47]


La prĂ©sente affaire ne concerne pas l'intrusion de l'exĂ©cutif dans le domaine judiciaire, mais l'attribution Ă  un membre du pouvoir judiciaire par l'exĂ©cutif, avec l'accord du lĂ©gislateur, de fonctions proches du «cƓur» du pouvoir exĂ©cutif.

[25]La sĂ©paration du pouvoir judiciaire des autres branches du gouvernement est un aspect important de la sĂ©paration des pouvoirs requise par la Constitution et est essentielle au rĂŽle des tribunaux en vertu de la Constitution. Le Parlement et les lĂ©gislatures provinciales font les lois mais ne les mettent pas en Ɠuvre. Les exĂ©cutifs nationaux et provinciaux prĂ©parent et initient les lois Ă  soumettre aux lĂ©gislatures, mettent en Ɠuvre les lois ainsi promulguĂ©es, mais n'ont aucun pouvoir lĂ©gislatif autre que celui qui leur est confĂ©rĂ© par les lĂ©gislatures. Bien que le Parlement ait un large pouvoir de dĂ©lĂ©guer le pouvoir lĂ©gislatif Ă  l'exĂ©cutif, ce pouvoir a ses limites. [48] En vertu de notre Constitution, il incombe aux tribunaux de veiller Ă  ce que les limites de l'exercice du pouvoir public ne soient pas transgressĂ©es. Pour s'acquitter de cette obligation, il est essentiel que les tribunaux soient et soient perçus comme indĂ©pendants.

[26]La sĂ©paration requise par la Constitution entre le lĂ©gislatif et l'exĂ©cutif, d'une part, et les tribunaux, d'autre part, doit ĂȘtre confirmĂ©e, sinon le rĂŽle des tribunaux en tant qu'arbitre indĂ©pendant des questions de rĂ©partition des pouvoirs entre les diffĂ©rentes sphĂšres du gouvernement, et la lĂ©galitĂ© de l'action lĂ©gislative et exĂ©cutive mesurĂ©e par rapport Ă  la DĂ©claration des droits et Ă  d'autres dispositions de la Constitution sera compromise. La Constitution le reconnaĂźt et impose Ă  l'État une obligation positive de veiller Ă  ce que cela soit fait. Il prĂ©voit que les tribunaux sont indĂ©pendants et ne sont soumis qu'Ă  la Constitution et Ă  la loi qu'ils doivent appliquer de maniĂšre impartiale sans crainte, faveur ou prĂ©judice. [49] Aucun organe d'État ni aucune autre personne ne peut entraver le fonctionnement des tribunaux [50].et tous les organes de l'État, par des mesures lĂ©gislatives et autres, doivent aider et protĂ©ger les tribunaux pour garantir leur indĂ©pendance, leur impartialitĂ©, leur dignitĂ©, leur accessibilitĂ© et leur efficacitĂ©. [51]

[27]M. Marcus a fait valoir que le principe de la sĂ©paration des pouvoirs n'est pas nĂ©cessairement compromis chaque fois qu'un juge particulier doit exercer des fonctions non judiciaires. Il a toutefois admis que l'exercice de fonctions incompatibles avec des fonctions judiciaires ne serait pas autorisĂ©. Cela est conforme Ă  ce que la Cour a dĂ©clarĂ© dans son arrĂȘt PrĂ©sident de la RĂ©publique d'Afrique du Sud et autres c. Union sud-africaine de football de rugby et autres [52] oĂč elle a dĂ©clarĂ© que «les huissiers de justice peuvent, de temps Ă  autre, effectuer des tĂąches administratives», mais ont notĂ© que «[l] 'il peut y avoir des circonstances dans lesquelles l'exercice de fonctions administratives par des huissiers de justice enfreint la doctrine de la sĂ©paration des pouvoirs». [53]

[28]Elle est Ă©galement cohĂ©rente avec les affaires amĂ©ricaines et australiennes mentionnĂ©es par M. Trengove, qui a comparu pour l'appelant. Aucun critĂšre prĂ©cis n'est fixĂ© dans ces dĂ©cisions pour Ă©tablir si une mission particuliĂšre est autorisĂ©e ou non. Les tribunaux de ces deux pays le dĂ©terminent Ă  la lumiĂšre des considĂ©rations pertinentes mentionnĂ©es dans les arrĂȘts.

[29]M. Trengove a cherché à distiller de ces autorités certains critÚres qui, selon lui, sont pertinents pour déterminer si, en vertu de notre Constitution, il est permis d'attribuer une fonction non judiciaire à un juge. Ils sont de savoir si la performance de la fonction

a) est plus habituel ou approprié à une autre branche du gouvernement; [54]
b) est soumis au contrÎle ou à la direction de l'exécutif; [55]
c) oblige le juge à exercer un pouvoir discrétionnaire et à prendre des décisions fondées sur la politique plutÎt que sur la loi; [56]
(d) crĂ©e un risque d'enchevĂȘtrement judiciaire en cas de controverse politique; [57]
e) fait participer le juge au processus d'application de la loi; [58]
f) occupera le juge Ă  un point tel qu'il ne sera plus en mesure d'exercer ses fonctions judiciaires normales. [59]


A cela peut s'ajouter le résumé de la jurisprudence américaine par Blackmun J, montrant que:

«Le CongrÚs peut déléguer au pouvoir judiciaire des fonctions non juridictionnelles qui ne sont pas liées à la prérogative d'un autre pouvoir et qui correspondent à la mission centrale du pouvoir judiciaire.» [60]

[30]Ces considĂ©rations me semblent pertinentes pour la maniĂšre dont notre loi sur la sĂ©paration des pouvoirs devrait ĂȘtre dĂ©veloppĂ©e. M. Marcus n'a pas contestĂ© leur pertinence, mais a soutenu qu'elles doivent ĂȘtre considĂ©rĂ©es dans le contexte de chaque cas particulier. Il convient de leur accorder un poids appropriĂ© Ă  la nature de la fonction que le juge doit exercer et Ă  la nĂ©cessitĂ© que cette fonction soit exercĂ©e par une personne dont l'indĂ©pendance et l'intĂ©gritĂ© sont incontestables.

[31]Il n'est pas souhaitable, en particulier Ă  ce stade de l'Ă©volution de notre jurisprudence concernant la sĂ©paration des pouvoirs, de fixer des critĂšres rigides pour dĂ©terminer si l'exercice d'une fonction particuliĂšre par un juge est ou non incompatible avec la fonction judiciaire. Dans chaque cas, la question doit reposer sur des considĂ©rations telles que celles Ă©voquĂ©es par M. Trengove, et Ă©ventuellement d'autres, qui ressortent en raison de la nature de la fonction particuliĂšre Ă  l'examen. En fin de compte, il s'agit de demander qu'un jugement soit rendu sur la question de savoir si les fonctions que le juge est censĂ© exercer sont incompatibles avec la fonction judiciaire et, dans l'affirmative, s'il existe des facteurs compensatoires qui suggĂšrent que l'exercice de ces fonctions les fonctions d'un juge ne nuiront pas Ă  l'institution judiciaire,ou enfreindre matĂ©riellement la ligne qui doit ĂȘtre maintenue entre le pouvoir judiciaire et les autres branches du gouvernement afin de maintenir l'indĂ©pendance du pouvoir judiciaire. En rendant un tel jugement, le tribunal peut tenir compte des points de vue des pouvoirs lĂ©gislatif et exĂ©cutif, mais en fin de compte, le jugement est celui qu'il doit rendre lui-mĂȘme.

[32]L'avocat des intimés a soutenu que notre Constitution prévoit expressément que le pouvoir judiciaire remplit certaines fonctions qui n'ont pas un caractÚre curatif et qu'il envisage par conséquent une séparation des pouvoirs moins rigide que les constitutions américaine et australienne. Les fonctions non curiales mentionnées dans la Constitution sont les suivantes. Le président de la Cour constitutionnelle préside à l'élection du président et désigne des juges pour présider à l'élection des premiers ministres. [61] En cas de vacance au poste de président ou de premier ministre, le président de la Cour constitutionnelle fixe la date de ces élections. [62] Le président de la Cour constitutionnelle fixe l'heure de la premiÚre séance de l'Assemblée nationale[63] et préside également l'élection du président de l'Assemblée nationale. [64] Les juges désignés par le président de la Cour constitutionnelle déterminent le moment des premiÚres séances des législatures provinciales [65] et président l'élection des présidents de ces législatures. [66] Un juge est nommé pour exercer ces fonctions afin de veiller à ce qu'elles soient exercées de maniÚre impartiale et strictement conforme aux exigences constitutionnelles, ce qui n'est pas incompatible avec le rÎle du pouvoir judiciaire dans une société démocratique. Le conseil a également fait référence à l'article 178 de la Constitution, qui prévoit que les juges siÚgent à la Commission de la magistrature, dont la majorité des membres ne sont pas des huissiers de justice. La Commission joue un rÎle central dans la nomination des juges et peut également conseiller le gouvernement sur des questions relatives au pouvoir judiciaire ou à l'administration de la justice. Les fonctions de la Commission de la magistrature ne sont pas incompatibles avec le rÎle du pouvoir judiciaire dans une société démocratique. La nomination des juges est cruciale pour le fonctionnement des tribunaux indépendants.La prestation de conseils sur l'administration de la justice est également liée à l'objet de la fonction judiciaire. Le gouvernement n'est pas lié par les conseils donnés, et si le sujet sur lequel des conseils sont demandés est litigieux, les juges concernés peuvent refuser de participer à la prestation de ces conseils.

[33]Coetzee AJ a estimĂ© que cela faisait partie de la tradition juridique de notre pays que les juges remplissent des fonctions exĂ©cutives telles que prĂ©sider des commissions d'enquĂȘte et sanctionner la dĂ©livrance de mandats de perquisition. Il a assimilĂ© une nomination Ă  la tĂȘte de l'UES Ă  ces fonctions. [67] La «tradition» Ă  laquelle Coetzee AJ fait rĂ©fĂ©rence vient de l'Ăšre de la souverainetĂ© parlementaire. Ce qui est maintenant permis doit ĂȘtre dĂ©terminĂ© Ă  la lumiĂšre de notre nouvelle Constitution, et pas nĂ©cessairement par les pratiques passĂ©es.

[34]Pour ce qui est de la question des juges prĂ©sidant des commissions d'enquĂȘte ou de la sanction de la dĂ©livrance de mandats de perquisition, tout dĂ©pend de l'objet de la commission et de la lĂ©gislation rĂ©gissant la dĂ©livrance des mandats. Dans des circonstances appropriĂ©es, les huissiers de justice peuvent sans aucun doute prĂ©sider des commissions d'enquĂȘte sans violer la sĂ©paration des pouvoirs prĂ©vue par notre Constitution. L'exercice de ces fonctions requiert d'ordinaire les qualitĂ©s et les compĂ©tences requises pour l'exercice des fonctions judiciaires - l'indĂ©pendance, la mise en balance des informations, la formation d'une opinion fondĂ©e sur les informations et le prononcĂ© d'une dĂ©cision sur la base d'un examen des les informations pertinentes. On peut en dire autant de la sanction des mandats de perquisition,lorsque le juge doit dĂ©terminer s'il existe des motifs d'atteinte Ă  la vie privĂ©e rĂ©sultant de perquisitions.[68]

[35]Le fait qu'il puisse ĂȘtre permis aux juges d'exercer certaines fonctions autres que leurs fonctions judiciaires ne signifie pas qu'une fonction puisse leur ĂȘtre confiĂ©e par le lĂ©gislateur. Il y a des limites Ă  ce qui est permis. Certaines fonctions sont si Ă©loignĂ©es de la fonction judiciaire, que permettre aux juges de les exercer rendrait floue la sĂ©paration qui doit ĂȘtre maintenue entre le pouvoir judiciaire et les autres pouvoirs publics. Par exemple, dans notre systĂšme, un huissier de justice ne peut pas ĂȘtre membre d'une lĂ©gislature ou d'un cabinet, ni fonctionnaire au gouvernement, comme le commissaire de police. Ces fonctions ne sont pas «appropriĂ©es Ă  la mission centrale du pouvoir judiciaire». [69] Ces fonctions sont au cƓur de la mission du lĂ©gislatif et de l'exĂ©cutif et doivent ĂȘtre exercĂ©es par des membres de ces branches du gouvernement.

[36]Le premier dĂ©fendeur ne s'est pas immiscĂ© dans les affaires de l'exĂ©cutif Ă  sa propre instance. Le lĂ©gislateur a prĂ©vu la nomination dans la loi et l'exĂ©cutif, par l'intermĂ©diaire du prĂ©sident, a demandĂ© au premier dĂ©fendeur d'accepter cette nomination. Je suis convaincu qu'en acceptant la nomination, le premier dĂ©fendeur a agi dans ce qu'il percevait comme l'intĂ©rĂȘt national. Le fait, cependant, que toutes les personnes impliquĂ©es aient agi de bonne foi et dans ce qu’elles ont perçu comme Ă©tant les intĂ©rĂȘts du pays, ne rend pas licite une lĂ©gislation ou une conduite incompatible avec la sĂ©paration des pouvoirs requise par la Constitution. [70]

[37]Les intimĂ©s soutiennent que le poste de chef de l'UES n'est pas incompatible avec une fonction judiciaire. Ils soulignent l'importance de l'UES dans la lutte contre la corruption et soutiennent la nomination d'un juge Ă  la tĂȘte de l'UES au motif qu'il est important que l'unitĂ© soit dirigĂ©e par une personne dont l'intĂ©gritĂ© est irrĂ©prochable. Ceci, a dĂ©clarĂ© le ministre,

«Était particuliĂšrement important compte tenu de la nature et de l'Ă©tendue des tĂąches que l'UnitĂ© serait appelĂ©e Ă  accomplir. C'est pour cette raison qu'il a Ă©tĂ© jugĂ© souhaitable que ces tĂąches soient supervisĂ©es par un juge ou un juge par intĂ©rim de la Haute Cour. Non seulement on estimait qu'un juge ou un juge par intĂ©rim serait dotĂ© de l'intĂ©gritĂ© nĂ©cessaire, mais on pensait Ă©galement qu'un juge ou un juge par intĂ©rim disposerait des compĂ©tences et de l'expertise nĂ©cessaires pour s'acquitter des fonctions prĂ©vues par la loi. »

[38]J'accepte qu'il est important que le chef de l'UES soit une personne intÚgre. Mais les juges ne sont pas les seuls à posséder cet attribut. Les fonctions que le chef de l'UES doit remplir sont des fonctions exécutives qui, dans notre systÚme de gouvernement, sont normalement exercées par la police, des membres du personnel de la National Prosecuting Authority ou le procureur de la République. Ils sont incompatibles avec les fonctions judiciaires telles qu'elles sont généralement comprises en Afrique du Sud.

[39]J'ai dĂ©jĂ  Ă©voquĂ© les fonctions que le chef de l'UES doit remplir. [71] Ils comprennent non seulement la rĂ©alisation d'enquĂȘtes intrusives, mais le recours en justice au nom de l'État pour recouvrer les pertes qu'il a subies en raison de la corruption ou d'autres pratiques illĂ©gales. Les juges qui exercent des fonctions telles que prĂ©sider une commission d'enquĂȘte ou sanctionner des mandats de perquisition peuvent Ă©galement ĂȘtre impliquĂ©s dans des litiges. Mais il s'agit d'un incident indĂ©sirable, quoique peut-ĂȘtre inĂ©vitable, de l'exercice de fonctions essentiellement judiciaires. L'un des objectifs de la loi est de prĂ©voir des mesures spĂ©ciales pour le recouvrement des sommes perdues par l'État et, par consĂ©quent, dans le cas du chef de l'UES, les litiges au nom de l'État constituent une partie essentielle du travail.

[40]Les fonctions qu'un juge Ă  la tĂȘte de l'UES doit exercer sont toutes liĂ©es Ă  l'objectif de rĂ©cupĂ©rer de l'argent pour l'État, si nĂ©cessaire par le biais d'un litige. De par leur nature mĂȘme, ces fonctions sont partisanes. Le juge ne peut pas se distancier des agissements des enquĂȘteurs de l'UES. Les Ă©lĂ©ments de preuve prĂ©sentĂ©s dans cette affaire illustrent une conduite partisane de la part des enquĂȘteurs de l'UES, ce qui est incompatible avec la fonction judiciaire.

[41]Le premier dĂ©fendeur n'a pas Ă©tĂ© en mesure d'exercer ses fonctions judiciaires pendant plus de 3 ans. Sa nomination est indĂ©finie et se poursuivra Ă  moins qu'il ne dĂ©missionne ou que le PrĂ©sident ne lui demande, avec l'accord de la Commission de la magistrature, de dĂ©missionner. Étant donnĂ© la charge de travail de l'UES et la nature indĂ©finie de sa nomination, il pourrait ne jamais reprendre ses fonctions judiciaires, mais il demeure nĂ©anmoins juge.

[42]M. Marcus a soutenu que le fait que le chef de l'unitĂ© n'ait pas Ă©tĂ© en mesure d'exercer ses fonctions judiciaires pendant une longue pĂ©riode et continuera de ne pas ĂȘtre en mesure de le faire tant qu'il restera chef de l'unitĂ©, n'est pas pertinent. . Si les fonctions de chef de l'UES et de juge sont incompatibles, cette incompatibilitĂ© existait le jour de la nomination. S'ils ne sont pas incompatibles, ils ne le deviennent pas car le rendez-vous est de longue durĂ©e.

[43]Si la durĂ©e de la nomination n'est pas nĂ©cessairement dĂ©terminante pour trancher la question de savoir si les fonctions qu'un juge devrait exercer sont incompatibles avec la fonction judiciaire, elle est, comme indiquĂ© ci-dessus, un facteur pertinent. [72] Il peut y avoir des cas oĂč, d'urgence, un juge est tenu, dans l'intĂ©rĂȘt national, d'exercer des fonctions qui vont au-delĂ  des fonctions normalement exercĂ©es par les huissiers de justice. Je n'exprime aucune opinion quant Ă  savoir si l'exercice de ces fonctions pendant une pĂ©riode limitĂ©e dans de telles circonstances serait autorisĂ© par notre Constitution. La prĂ©sente affaire, cependant, n'est pas un tel cas. La loi prĂ©voit que le chef de l'unitĂ© sera nommĂ© pour une durĂ©e indĂ©terminĂ©e, et la nature des fonctions qui doivent ĂȘtre exercĂ©es, exige qu'il en soit ainsi. L'unitĂ© ne pourrait pas fonctionner efficacement si la nomination de son chef Ă©tait faite Ă  titre temporaire, ce qui nĂ©cessiterait des changements Ă  intervalles rĂ©guliers. Cela serait destructeur pour le travail de l'UnitĂ© qui requiert la continuitĂ© et le contrĂŽle qui dĂ©coulent d'une nomination permanente,ou au moins un rendez-vous pour une durĂ©e indĂ©terminĂ©e mais Ă  long terme.

[44]Dans Wilson c. Ministre des Affaires autochtones et des insulaires du dĂ©troit de Torres [73]la Haute Cour australienne a examinĂ© les autoritĂ©s australiennes chargĂ©es de la sĂ©paration des pouvoirs. L'affaire portait sur la question de savoir si la constitution autorisait le ministre Ă  nommer le juge Mathews pour prĂ©parer un rapport sur la dĂ©claration de prĂ©servation et de protection contre les dommages ou la profanation de terres revĂȘtant une importance particuliĂšre pour les autochtones et si elle autorisait le juge Mathews Ă  accepter une telle nomination. Le rapport devait ĂȘtre utilisĂ© pour aider Ă  l'exercice du pouvoir discrĂ©tionnaire du ministre de faire une dĂ©claration concernant les terres pour lesquelles un groupe avait demandĂ© la protection. En vertu de la Loi de 1984 sur la protection du patrimoine des aborigĂšnes et des insulaires du dĂ©troit de Torres, le ministre Ă©tait tenu de commander un rapport Ă  une personne qu'il avait dĂ©signĂ©e.La majoritĂ© a jugĂ© que la nomination et la nomination du juge Mathews n'Ă©taient pas efficaces car l'exercice de la fonction de rapport serait incompatible avec la sĂ©paration des pouvoirs requise par la Constitution. Kirby J Ă©tait dissident. MalgrĂ© sa dissidence, il exprime sa sympathie pour le point de vue exprimĂ© par Mc Hugh J dans L' affaire Grollo [74] en des termes qui me semblent particuliĂšrement pertinents pour la prĂ©sente affaire:

«Il n'est pas compatible avec l'exercice de fonctions judiciaires fĂ©dĂ©rales en Australie qu'un tel titulaire de mandat s'implique dans le cadre du« processus d'enquĂȘte criminelle », Ă©troitement engagĂ© dans un travail qui peut ĂȘtre qualifiĂ© de complĂ©ment aux fonctions d'enquĂȘte et de poursuite. De telles activitĂ©s pourraient «saper et saper» Ă  la fois la rĂ©alitĂ© et l'apparence de l'indĂ©pendance du pouvoir judiciaire qui est composĂ© des tribunaux constituĂ©s par des juges individuels. Ils pourraient fusionner de façon inadmissible le systĂšme judiciaire et les autres branches du gouvernement. L'interdiction constitutionnelle est exprimĂ©e afin que l'exĂ©cutif ne puisse pas emprunter un juge fĂ©dĂ©ral pour masquer les actions propres Ă  ses propres fonctions avec les «couleurs neutres de l'action judiciaire». [75]

[45]Les fonctions que le chef de l'UES doit remplir sont trĂšs Ă©loignĂ©es de «la mission centrale du pouvoir judiciaire». Ils sont dĂ©terminĂ©s par le prĂ©sident, qui formule et peut modifier les allĂ©gations Ă  enquĂȘter. Si l'on tient compte de toutes les circonstances, y compris la qualitĂ© intrusive des enquĂȘtes menĂ©es par l'UES, le lien inextricable entre l'UES en tant qu'enquĂȘteur et l'UES en tant que plaideur au nom de l'État, et le caractĂšre indĂ©fini de la nomination qui empĂȘche le chef de l'unitĂ© d'exercer ses fonctions judiciaires, la position du premier dĂ©fendeur Ă  la tĂȘte de l'UES est Ă  mon avis incompatible avec sa fonction judiciaire et contraire Ă  la sĂ©paration des pouvoirs requise par notre Constitution.

[46]En vertu de notre Constitution, le pouvoir judiciaire a un rĂŽle sensible et crucial Ă  jouer pour contrĂŽler l'exercice du pouvoir et faire respecter la dĂ©claration des droits. Il est important que le pouvoir judiciaire soit indĂ©pendant et qu'il soit perçu comme indĂ©pendant. S'il Ă©tait admis que cette intrusion d'un juge dans le domaine exĂ©cutif est admissible, la voie serait ouverte Ă  la nomination de juges Ă  durĂ©e indĂ©terminĂ©e Ă  d'autres postes exĂ©cutifs, ou Ă  l'exercice d'autres fonctions exĂ©cutives, qui ne sont pas adaptĂ©es au «Mission centrale du pouvoir judiciaire». Si cela devait se produire, le public pourrait bien voir le pouvoir judiciaire comme Ă©tant fonctionnellement associĂ© Ă  l'exĂ©cutif et par consĂ©quent incapable de contrĂŽler le pouvoir de l'exĂ©cutif avec le dĂ©tachement et l'indĂ©pendance requis par la Constitution. Ceci, Ă  son tour,porterait atteinte Ă  la sĂ©paration des pouvoirs et Ă  l'indĂ©pendance du pouvoir judiciaire, cruciale pour la bonne exĂ©cution des fonctions assignĂ©es au pouvoir judiciaire par notre Constitution. La dĂ©cision a donc des implications au-delĂ  des faits de la prĂ©sente affaire et Ă©nonce un principe d'une importance fondamentale pour notre ordre constitutionnel. Il s'ensuit que l'article 3 (1) de la loi et de la proclamation R24 de 1997, portant nomination du premier dĂ©fendeur Ă  la tĂȘte de l'UES, doit ĂȘtre dĂ©clarĂ© invalide.la nomination du premier dĂ©fendeur Ă  la tĂȘte de l'UES doit ĂȘtre dĂ©clarĂ©e invalide.la nomination du premier dĂ©fendeur Ă  la tĂȘte de l'UES doit ĂȘtre dĂ©clarĂ©e invalide.


Soulagement approprié

[47]M. Marcus a soutenu que le rĂŽle du chef de l'UES en tant que plaideur pouvait ĂȘtre sĂ©parĂ© du rĂŽle du chef de l'unitĂ© en tant qu'enquĂȘteur. Il a soutenu que cette derniĂšre, prise isolĂ©ment, est similaire au rĂŽle jouĂ© par un juge qui prĂ©side une commission d'enquĂȘte et ne serait pas incompatible avec la fonction judiciaire. Il a fait rĂ©fĂ©rence Ă  cet Ă©gard Ă  la lĂ©gislation de la Nouvelle-Galles du Sud, qui prĂ©voit qu'un juge prĂ©sidera une commission sur la corruption. Les termes de la lĂ©gislation de la Nouvelle-Galles du Sud n'ont pas Ă©tĂ© mentionnĂ©s, ni les exigences qu'elle impose aux fonctions ordinaires du juge. En tout Ă©tat de cause, un juge de la Cour suprĂȘme de la Nouvelle-Galles du Sud n'est pas soumis Ă  la sĂ©paration des pouvoirs qui s'applique aux juges de la High Court australienne et aux juges fĂ©dĂ©raux.Ces derniers exercent leurs fonctions en vertu de la Constitution du Commonwealth qui prĂ©voit une sĂ©paration des pouvoirs. L'ancien siĂšge en vertu de la Constitution de la Nouvelle-Galles du Sud, qui ne prĂ©voit pas la mĂȘme disposition de sĂ©paration des pouvoirs.[76]

[48]De l'avis de cette question, il n'est cependant pas nĂ©cessaire de dĂ©cider si les fonctions d'enquĂȘte du chef de l'UES sont conformes Ă  la Constitution. Les enquĂȘtes et les litiges de l'UES sont inextricablement liĂ©s et la loi ne prĂ©voit pas qu'ils soient traitĂ©s par des fonctionnaires distincts. De plus, la nomination du chef de l'UES est pour une durĂ©e indĂ©terminĂ©e impliquant l'exĂ©cution de nombreuses tĂąches en cours, et n'est pas une nomination pour une seule enquĂȘte de durĂ©e limitĂ©e, qui permet au juge de reprendre ses fonctions judiciaires une fois le l'enquĂȘte est terminĂ©e. À mon avis, il ne s'agit pas d'un cas oĂč une indemnitĂ© de dĂ©part ou une indemnitĂ© thĂ©orique serait une ordonnance appropriĂ©e. Qu'est-ce qui est alors appropriĂ©?

[49]Si les dĂ©clarations d'invaliditĂ© devaient avoir un effet immĂ©diat, cela porterait atteinte au travail important accompli par l'UES. La lĂ©gislation a Ă©tĂ© rĂ©digĂ©e en partant du principe que le chef de l'UES contrĂŽlera ses activitĂ©s et sera une personne intĂšgre et indĂ©pendante. Si cette personne ne peut pas ĂȘtre juge, d'autres critĂšres doivent ĂȘtre fixĂ©s pour mesurer l'indĂ©pendance et l'intĂ©gritĂ© de la personne Ă  nommer Ă  ce poste.

[50]Le fait que le chef de l'UES soit juge ne porte pas prĂ©judice aux personnes faisant l'objet de l'enquĂȘte. Il s'agit du principe selon lequel les juges doivent ĂȘtre, et ĂȘtre perçus comme Ă©tant, sĂ©parĂ©s et indĂ©pendants du lĂ©gislatif et de l'exĂ©cutif. Le flou de cette ligne s'est dĂ©jĂ  produit et il est peu probable qu'il augmente de façon importante si le premier rĂ©pondant continue temporairement d'ĂȘtre Ă  la tĂȘte de l'unitĂ© jusqu'Ă  ce que des dispositions appropriĂ©es soient prises pour son remplacement. D'un autre cĂŽtĂ©, l'UES ne peut pas fonctionner sans tĂȘte de l'unitĂ©. Dans les circonstances de l'espĂšce, il y a de bonnes raisons de suspendre les dĂ©clarations d'invaliditĂ© relatives Ă  l'article 3 (1) de la loi et la nomination du premier dĂ©fendeur Ă  la tĂȘte de l'unitĂ©.En cas de suspension des dĂ©clarations de nullitĂ©, il peut ĂȘtre prĂ©vu un transfert ordonnĂ© des pouvoirs du chef d'unitĂ© Ă  un fonctionnaire non magistrat. Cela nĂ©cessitera des modifications Ă  la loi et du temps sera nĂ©cessaire Ă  cette fin. Entre-temps, l'important travail accompli par l'UES peut se poursuivre. Je traiterai plus tard de ce qu'est une pĂ©riode appropriĂ©e.


L'interprétation du paragraphe 2 (2) de la Loi

[51]Le prĂ©sident ne peut renvoyer des questions Ă  l'UES pour enquĂȘte que pour les motifs mentionnĂ©s Ă  l'article 2 (2) de la Loi: Ă  savoir des allĂ©gations concernant des questions dĂ©taillĂ©es dans le paragraphe. [77] L'appelant soutient que les allĂ©gations en l'espĂšce ne relĂšvent pas du champ d'application du paragraphe 2 (2).

[52]L’article 2, paragraphe 2, traite de la portĂ©e de l’application de la loi, qui contient diverses dispositions qui ont une incidence sur le droit constitutionnel Ă  la vie privĂ©e en vigueur [78] des personnes concernĂ©es; plus la portĂ©e de la loi est large, plus grande est l'atteinte Ă  la vie privĂ©e. Pour interprĂ©ter le paragraphe 2 (2), il faut tenir compte de «l'esprit, la portĂ©e et les objets» de la DĂ©claration des droits. [79] L'esprit, les objets et le but de la DĂ©claration des droits, ici la protection de la vie privĂ©e, seront mieux respectĂ©s en l'espĂšce en donnant une interprĂ©tation Ă©troite plutĂŽt que large de ces dispositions.

[53]Le paragraphe 2 (2) contient sept sous-paragraphes. [80] Le prĂ©sident s'est appuyĂ© sur les alinĂ©as c) et g) pour renvoyer l'affaire Ă  l'UES pour enquĂȘte. L'avocat des intimĂ©s n'a pas laissĂ© entendre Ă  juste titre qu'il y avait d'autres motifs pour lesquels l'affaire pouvait ĂȘtre renvoyĂ©e. Les alinĂ©as c) et g) prĂ©voient:

«C) l'appropriation ou la dépense illégale de fonds ou de biens publics.
. . . .
g) la conduite illĂ©gale ou irrĂ©guliĂšre de toute personne qui a causĂ© ou peut causer un prĂ©judice grave aux intĂ©rĂȘts du public ou de l'une de ses catĂ©gories. "

[54]L'objet de la loi ressort de son titre intĂ©gral auquel il est fait rĂ©fĂ©rence au paragraphe [1] ci-dessus. Cet objectif est de fournir des mĂ©canismes pour enquĂȘter sur «les fautes professionnelles graves ou la mauvaise administration liĂ©es Ă  l'administration des institutions de l'État, des biens de l'État et des deniers publics ainsi que tout comportement susceptible de nuire gravement aux intĂ©rĂȘts du public» et pour juger les questions civiles Ă©manant de ces enquĂȘtes.


Alinéa 2 (2) c)

[55]La RAF est une institution d'État [81] et une enquĂȘte sur toute fraude Ă  la RAF relĂšverait du champ d'application de la loi. Mais les questions renvoyĂ©es Ă  l'UES ne traitent pas de cela. Les allĂ©gations en question [82]ne concernent pas la RAF, mais les relations entre certains avocats et leurs clients. Rien n'indique que les paiements effectuĂ©s par la RAF aux avocats, au nom de leurs clients, Ă©taient en aucune façon irrĂ©guliers ou illĂ©gaux, ou que l'enquĂȘte puisse Ă©ventuellement donner lieu Ă  la rĂ©cupĂ©ration d'argent au nom de l'État. À premiĂšre vue, l'enquĂȘte ne porte pas sur l'affectation ou la dĂ©pense de deniers publics. Il est prĂ©occupĂ© par le caractĂšre raisonnable des frais facturĂ©s par des avocats particuliers Ă  des clients particuliers pour des services rendus par eux dans le cadre des rĂ©clamations de la RAF, et par le fait que ces avocats peuvent ĂȘtre excessivement contactĂ©s par leurs avocats. Elle implique une enquĂȘte sur ce qui serait «un montant raisonnable et / ou taxĂ© au titre des frais d'avocat-client»,et si un avocat particulier a soit surfacturĂ© son client, soit omis d'une autre maniĂšre de rendre correctement compte Ă  ce client de la rĂ©munĂ©ration qui lui a Ă©tĂ© versĂ©e en tant qu'agent du client.

[56]Les intimés se fondent sur la définition de «deniers publics» dans la Loi, qui se lit comme suit:

«[N'importe quel argent retirĂ© du Fonds du revenu national ou d'un fonds du revenu provincial, comme le prĂ©voit la Constitution, et tout argent acquis, contrĂŽlĂ© ou payĂ© par une institution d'État.» [83]


Ils soutiennent que l'argent versĂ© par la RAF Ă  un avocat en rĂšglement de la rĂ©clamation d'un client est de l'argent «payé» par une institution d'État et qu'il reste de l'argent public entre les mains de l'avocat. Si cet avocat ne rend pas correctement compte au client de l’argent reçu en son nom, cela constitue donc une «appropriation illĂ©gale» de «fonds publics» au sens de l’article 2 (2) c).

[57]Je suis prĂȘt Ă  accepter, aux fins du prĂ©sent jugement, que l'article 2 (2) c) peut linguistiquement ĂȘtre capable d'une telle interprĂ©tation. À mon avis, cependant, cet article ne devrait pas avoir un sens aussi large.

[58]Le principal objectif de la loi est de permettre Ă  l'État de rĂ©cupĂ©rer l'argent qu'il a perdu Ă  la suite d'actions illĂ©gales ou corrompues de ses employĂ©s ou d'autres personnes. L'argent public visĂ© par la loi est l'argent d'une institution d'État qui a Ă©tĂ© payĂ© ou dĂ©pensĂ© et que cette institution a le droit de rĂ©cupĂ©rer. D'oĂč le mĂ©canisme spĂ©cial d'enquĂȘte par l'UES et de recouvrement d'argent par le biais de la ST.

[59]Lorsque la RAF verse une indemnitĂ© Ă  un avocat, en tant qu'agent du demandeur, les obligations de la RAF envers le demandeur sont ainsi lĂ©galement libĂ©rĂ©es. Entre les mains du mandataire, c'est de l'argent lĂ©galement payĂ© et reçu, dans lequel l'institution publique n'a plus d'intĂ©rĂȘt juridique, et que le mandataire est alors obligĂ© de payer au client conformĂ©ment au contrat conclu entre eux. Si l'avocat s'approprie illĂ©galement cet argent, ce serait une appropriation illĂ©gale de l'argent du client et non une appropriation illĂ©gale de l'argent d'une institution de l'État.


Alinéa 2 (2) g)

[60]L'alinĂ©a 2 (2) g) envisage une conduite illĂ©gale ou inappropriĂ©e de «toute personne». C'est le comportement de cette personne qui doit causer «un prĂ©judice grave» aux «intĂ©rĂȘts du public ou de l'une de ses catĂ©gories». Chacune de ces exigences doit ĂȘtre remplie, et cela ne se fait pas en regroupant tous les avocats qui surfacturent leurs clients et tous les clients qui sont surfacturĂ©s, et en traitant la totalitĂ© de tous les avocats comme «toute personne», la totalitĂ© de tous les les clients comme «le public ou toute catĂ©gorie de ceux-ci», et la surfacturation totale comme «prĂ©judice grave».

[61]L'allĂ©gation qui fait l'objet de l'enquĂȘte en l'espĂšce est extrĂȘmement large. Il ne fait aucune distinction entre la surcharge qui est un Ă©vĂ©nement isolĂ© et la surcharge qui est une pratique persistante. Il ne fait aucune distinction entre le vol d'argent et la facturation de frais excessifs. Il ne fait aucune distinction entre les cas dans lesquels une divulgation complĂšte et appropriĂ©e a Ă©tĂ© faite aux clients concernant la compensation reçue et les frais facturĂ©s et les cas dans lesquels les clients auraient pu ĂȘtre induits en erreur. Il couvre les cas dans lesquels le prĂ©judice qui a pu ĂȘtre subi par un client particulier n'est pas un «prĂ©judice grave», et les cas dans lesquels la conduite d'un avocat particulier qui peut faire l'objet d'une enquĂȘte affecte uniquement les intĂ©rĂȘts de ce client et non ceux des autres la personne.Il s'agit en substance d'une allĂ©gation relative Ă  la maniĂšre dont les avocats mĂšnent leurs pratiques et non d'une allĂ©gation concernant une conduite illĂ©gale qui aurait Ă©tĂ© commise par un avocat particulier Ă  l'Ă©gard d'un ou de plusieurs clients particuliers; il ne s'agit pas non plus d'une allĂ©gation de corruption ou de mauvaise administration au sein des institutions de l'État, ni de toute question affectant les intĂ©rĂȘts financiers de l'État.

[62]L'allĂ©gation oblige l'UES Ă  entreprendre une expĂ©dition de pĂȘche pour Ă©tablir s'il y a eu des fautes professionnelles commises par des avocats. Il n'a pas la spĂ©cificitĂ© requise par l'article 2 (2) (g) pour justifier l'ouverture d'une enquĂȘte. En particulier, il ne prĂ©cise pas les actes particuliers d'un avocat particulier qui peuvent ĂȘtre considĂ©rĂ©s comme causant un «prĂ©judice grave» aux «intĂ©rĂȘts du public ou de l'une de ses catĂ©gories».

[63]Il s'ensuit que la question renvoyĂ©e par le prĂ©sident Ă  l'UES ne concernait pas une allĂ©gation visĂ©e Ă  l'article 2 (2) et que le prĂ©sident n'avait pas le pouvoir de renvoyer une allĂ©gation en ces termes Ă  l'UES pour enquĂȘte aux termes de la loi. La proclamation ordonnant l'enquĂȘte viole donc le principe de lĂ©galitĂ© et est donc contraire Ă  la Constitution et invalide. [84]

[64]Les allĂ©gations rĂ©vĂšlent toutefois une grave prĂ©occupation concernant le traitement des demandes de la RAF. Si cela est vrai, ils appellent une attention urgente. Cette Cour n'est pas en mesure de dire si les allĂ©gations sont ou non fondĂ©es. Mais comme un Ă©ditorial de De Rebus [85]d’avril 1999, les allĂ©gations portent prĂ©judice Ă  la profession d’avocat et il est dans l’intĂ©rĂȘt Ă  la fois de la profession et des victimes d’accidents de la route qui peuvent se plaindre de la maniĂšre dont leur dossier a Ă©tĂ© traitĂ©, qu’il existe des voies appropriĂ©es de rĂšglement ces plaintes. Il existe diffĂ©rentes maniĂšres de rĂ©soudre ces problĂšmes. Ils ne doivent pas impliquer le dĂ©pĂŽt d'une plainte formelle contre l'avocat ou des enquĂȘtes compliquĂ©es. Les clients sont souvent rĂ©ticents Ă  dĂ©poser de telles plaintes et ne sont pas susceptibles de le faire s'il existe d'autres moyens moins conflictuels de rĂ©soudre leurs problĂšmes.

[65]Dans la plupart des cas, tout ce qui est nĂ©cessaire est une comptabilitĂ© exacte et un moyen de vĂ©rifier les comptes lorsque le client Ă©met des rĂ©serves quant Ă  son exactitude. Cela ne nĂ©cessite pas d'enquĂȘtes compliquĂ©es ou de pouvoirs de recherche Ă©tendus. Les informations pertinentes sont facilement disponibles et peuvent ĂȘtre vĂ©rifiĂ©es par des enquĂȘtes adressĂ©es Ă  la RAF et Ă  l'avocat concernĂ©. S'il existe une structure qui facilite la rĂ©alisation de telles enquĂȘtes et la fourniture de ces informations, sans que les clients n'aient Ă  adopter une attitude conflictuelle avec leurs avocats, cela est susceptible de rĂ©soudre la plupart des problĂšmes. La fourniture d'explications et d'informations exactes sera gĂ©nĂ©ralement suffisante pour apaiser l'esprit du client. Si, toutefois, Ă  la suite de ces enquĂȘtes, il devait ressortir qu'un client peut avoir Ă©tĂ© dĂ©passĂ© par un avocat,des mesures appropriĂ©es peuvent alors ĂȘtre prises pour enquĂȘter sur la plainte.


Le pouvoir de la recherche

[66]Les pouvoirs de fouille confĂ©rĂ©s Ă  l'UES par la Loi sont apparemment rarement utilisĂ©s. Le barreau nous a informĂ©s que l'UES n'avait effectuĂ© des perquisitions qu'Ă  trois reprises, dont aucune ne concernait l'enquĂȘte sur les allĂ©gations faisant l'objet du prĂ©sent appel. Il rĂ©sulte de la constatation faite quant Ă  la nullitĂ© de la saisine qu'il n'y a aucune menace pour la requĂ©rante ou ses membres que ces pouvoirs seront exercĂ©s contre eux. Dans ces circonstances, il n'est pas nĂ©cessaire de traiter la contestation de la constitutionnalitĂ© de l'article 6 de la loi.


Ordre

[67]J'ai indiquĂ© prĂ©cĂ©demment qu'il convient de suspendre les dĂ©clarations d'invaliditĂ© formulĂ©es concernant l'article 3 (1) de la loi et la proclamation R24. Hormis ce jugement, il y a eu des jugements dans lesquels il a Ă©tĂ© jugĂ© que l'UES avait outrepassĂ© sa compĂ©tence [86] et avait procĂ©dĂ© Ă  des recouvrements au-delĂ  de ses pouvoirs. [87] La constitutionnalitĂ© d'autres dispositions a Ă©galement Ă©tĂ© mise en doute. [88] Je n'exprime aucune opinion sur ces questions, mais Ă©tant donnĂ© que la modification de la lĂ©gislation sera nĂ©cessaire pour rĂ©gler les questions tranchĂ©es par le prĂ©sent jugement, l'État pourrait souhaiter examiner d'autres questions relatives Ă  la structure de la Loi et de ses dispositions.

[68]Si la dĂ©claration de nullitĂ© concernant la Proclamation R31 de 1999 prend effet Ă  compter de la date de la prĂ©sente ordonnance, les enquĂȘtes antĂ©rieures menĂ©es de bonne foi par l'UES seront protĂ©gĂ©es. S'il est allĂ©guĂ© que les enquĂȘtes n'ont pas Ă©tĂ© menĂ©es de bonne foi ou qu'elles ont dĂ©passĂ© ce qui Ă©tait autorisĂ© par la loi, les personnes concernĂ©es conserveront les recours qu'elles pourraient avoir Ă  l'Ă©gard de ces comportements. Une ordonnance appropriĂ©e est donc de dĂ©clarer la Proclamation R31 non valide avec effet Ă  la date de la prĂ©sente ordonnance.

[69]Si le lĂ©gislateur souhaite aborder toutes les questions soulevĂ©es dans cette dĂ©cision et dans d'autres dĂ©cisions concernant la constitutionnalitĂ© de la loi, cela peut prendre un certain temps. Cependant, il faudra moins de temps pour qu'un amendement traite des dĂ©clarations d'inconstitutionnalitĂ© formulĂ©es en vertu de l'article 3 (1) et de la Proclamation R24, et pour nommer un fonctionnaire autre qu'un juge Ă  la tĂȘte de l'UES. Ce sont les seules dĂ©clarations Ă  suspendre. Bien qu'il puisse y avoir des raisons de laisser suffisamment de temps pour que toutes les questions soient traitĂ©es simultanĂ©ment, il y a de bonnes raisons pour que la position du premier dĂ©fendeur en tant que chef de l'UES soit rĂ©gularisĂ©e sans retard indu. Il faudra cependant du temps aux diffĂ©rentes commissions parlementaires pour rĂ©flĂ©chir Ă  ce qui doit ĂȘtre fait et Ă  l'Ă©laboration d'une lĂ©gislation appropriĂ©e.Il faut Ă©galement prĂ©voir du temps pour une nouvelle nomination et pour que le premier rĂ©pondant transfĂšre ses responsabilitĂ©s au nouveau chef de l'UES de façon ordonnĂ©e. Je considĂšre qu'une pĂ©riode d'un an sera suffisante Ă  cet effet et les dĂ©clarations d'invaliditĂ© relatives Ă  l'article 3 (1) de la loi et Ă  la proclamation R24 devraient donc ĂȘtre suspendues pour cette pĂ©riode.

[70]La commande suivante est effectuée:

1. L'appel est accueilli avec dépens, qui doivent inclure les frais de deux avocats.

2. L'ordonnance rendue par la High Court est annulée et l'ordonnance suivante est rendue à sa place:
2.1 L'article 3, paragraphe 1, de la loi 74 de 1996 est déclaré incompatible avec la Constitution et invalide.

2.2 La proclamation R24 de 1997 est déclarée contraire à la Constitution et invalide.
2.3 Les déclarations d'invalidité faites en vertu de l'article 3, paragraphe 1, de la loi 74 de 1996 et de la proclamation R24 de 1997 sont suspendues pour une période d'un an.

2.4 La proclamation R31 de 1999 est déclarée contraire à la Constitution et invalide.

2.5 La déclaration de nullité faite à l'égard de la Proclamation R31 de 1999 doit prendre effet à la date de la présente ordonnance.

2.6 Les troisiÚme et quatriÚme intimés doivent payer les dépens du requérant, qui doivent inclure les frais de deux avocats.




Langa DP, Ackermann J, Goldstone J, Kriegler J, Mokgoro J, Ngcobo J, O'Regan J, Sachs J, Yacoob J et Madlanga AJ sont d'accord avec le jugement de Chaskalson P.






Pour l'appelant: WH Trengove SC et M Chaskalson instruits par Haasbroek & Boezaart.

Pour les troisiĂšme et quatriĂšme rĂ©pondants: GJ Marcus SC, A Cockrell et SM Lebala instruits par le procureur de l'État, Pretoria.


[1] Loi 74 de 1996.
[2] Proclamation R31 de 1999, Journal officiel 19882 RG 6469, 26 mars 1999.
[3] Association sud-africaine des avocats spécialisés en dommages corporels contre Heath et autres 2000 (10) BCLR 1131 (T).
[4] Articles 30 (1) et 31.
[5] Ci-dessus n 3 Ă  1146E-1151G.
[6] Aux termes de l'article 3 (1) de la loi et de la proclamation R24 de 1997, Journal officiel 17854 RG 5884, 14 mars 1997.
[7] Aux termes de la proclamation R31 de 1999, ci-dessus n 2.
[8] Section 2 (1) de la Loi prévoit:
«Le PrĂ©sident peut, chaque fois qu'il le juge nĂ©cessaire pour l'un des motifs mentionnĂ©s au paragraphe (2) par proclamation dans la Gazette - a) i) crĂ©er une unitĂ© spĂ©ciale d'enquĂȘte afin d'enquĂȘter sur la question en question; ou
ii) renvoyer l'affaire Ă  une unitĂ© spĂ©ciale d'enquĂȘte existante pour enquĂȘte. . . "
[9] Article 3, paragraphe 2, de la loi.
[10] Article 5, paragraphe 5.
[11] Article 13, paragraphe 1.
[12] Article 3, paragraphe 2.
[13] Article 3, paragraphe 3.
[14] Alinéa 3 (4) c).
[15] Alinéa 5 (2) a).
[16] Alinéa 5 (2) b).
[17] Alinéa 5 (2) c).
[18] Article 6, paragraphe 1.
[19] Alinéa 6 (8) a).
[20] Alinéa 4 (1) d).
[21] Article 5, paragraphe 5.
[22] Alinéa 5 (6) b).
[23] Article 5, paragraphe 7.
[24] Article 5, paragraphe 1.
[25] Article 5, paragraphe 8. Dans Konyn ea / Special Investigating Unit 1999 (1) SA 1001 (Tk) Ă  1015H Locke AJ a exprimĂ© l'opinion, obiter , que "[l] a constitutionnalitĂ© de cet article semblerait ĂȘtre trĂšs discutable." Il n'est pas nĂ©cessaire, aux fins du prĂ©sent arrĂȘt, d'exprimer une opinion Ă  ce sujet.
[26] Alinéa 4 (1) f).
[27] Alinéa 4 (1) g).
[28] Alinéa 4 (1) h).
[29] Article 13, paragraphe 2.
[30] Ci-dessus n 3 Ă  1160A.
[31] Ci-dessus n 3 Ă  1159H-I.
[32] Alfred McAlpine & Son (Pty) Ltd contre Transvaal Provincial Administration 1974 (3) SA 506 (A) Ă  526C-F.
[33] Une question trĂšs controversĂ©e aux États-Unis. Voir: TribeAmerican Constitutional Law , 3 ed, vol 1 (Foundation Press, New York 2000) Ă  47-59. Pour la position au Canada, voir Hogg Constitutional Law of Canada 3 Ă©d, vol 2 (Carswell, Toronto 1992) Ă  57.1 (e) qui oppose l'approche de l '«originalisme» dans la jurisprudence canadienne Ă  celle des États-Unis.
[34] Il s'agit du langage utilisé dans Fedsure Life Assurance Ltd et autres c. Greater Johannesburg Transitional Metropolitan Council et autres [1998] ZACC 17 ; 1999 (1) SA 374 (CC); 1998 (12) BCLR 1458 (CC) aux paragraphes 56-59.
[35] Id au paragraphe 58.
[36] Les dispositions constitutionnelles implicites ont constituĂ© la base des dĂ©cisions de la Haute Cour australienne d'invalider les dispositions lĂ©gislatives. Voir, par exemple, Theophanous v Herald & Weekly Times Ltd et Another (1994) 182 CLR [1994] HCA 46 ; ; (1994) 124 ALR 1, p. 11, oĂč la libertĂ© de communication Ă©tait acceptĂ©e comme Ă©tant implicite dans la Constitution du Commonwealth, bien que cette implication ne se soit pas Ă©tendue Ă  la libertĂ© d'expression en gĂ©nĂ©ral. Dans Roe v Wade [1973] USSC 43 ; 410 US 113 (1973), p. 152-7, la Cour suprĂȘme des États-Unis a conclu qu'il y avait atteinte au droit Ă  la vie privĂ©e mĂȘme si ce droit n'Ă©tait pas expressĂ©ment protĂ©gĂ© par la Constitution.
[37] Voir l'article 1, section 1 (pouvoir lĂ©gislatif), l'article 2, section 1 (1) (pouvoir exĂ©cutif) et l'article 3, section 1 (pouvoir judiciaire) de la Constitution des États-Unis. Voir l'article 1, chapitre I (pouvoir lĂ©gislatif), l'article 61, chapitre II (pouvoir exĂ©cutif) et l'article 71, chapitre III (pouvoir judiciaire) de la Commonwealth of Australia Constitution Act, 1900.
[38] Pour une approche similaire en Australie, voir Procureur général de l'Australie c. La Reine et la Boilermakers 'Society of Australia et autres [1957] AC 288 (HL) à 311-2, et Sri Lanka, voir Liyanage et autres c R [1965] UKPC 1 ; [1966] 1 Tous les ER 650 (PC) à 657-9. [39]
Président ex parte de l'Assemblée constitutionnelle: In re Certification of the Constitution of the Republic of South Africa, [1996] ZACC 26 ; 1996 1996 (4) SA 744 (CC); 1996 (10) BCLR 1253 (CC) aux paragraphes 106-113. La question était de savoir si la Constitution satisfaisait aux exigences du principe constitutionnel VI de l'annexe 4 de la Constitution provisoire, qui exigeait qu'il y ait «une séparation des pouvoirs entre le législatif, l'exécutif et le judiciaire, avec des freins et contrepoids appropriés pour garantir la responsabilité, la réactivité et ouverture. "
[40] Conseil exécutif, Western Cape Legislature et autres c. Président de la République d'Afrique du Sud et autres 1995 (4) SA 877 (CC); 1995 (10) BCLR 1289 (CC).
[41] Loi 209 de 1993.
[42] Voir De Lange contre Smuts NO et autres [1998] ZACC 6 ; 1998 (3) SA 785 (CC); 1998 (7) BCLR 779 (CC); Pharmaceutical Manufacturers Association of SA and Another: In re Ex parte President of the Republic of South Africa and Others [2000] ZACC 1 ; 2000 (2) SA 674 (CC); 2000 (3) BCLR 241 (CC) au paragraphe 45; Bernstein et autres c. Bester et autres NNO [1996] ZACC 2 ; 1996 (2) SA 751 (CC); 1996 (4) BCLR 449 (CC) au paragraphe 105.
[43] L'élection populaire concerne les délégués d'un collÚge électoral qui élit le président.
[44] L' article 7 (2) de l'article 1 de la Constitution des États-Unis d'AmĂ©rique confĂšre un pouvoir de veto au PrĂ©sident des États-Unis en exigeant que chaque projet de loi qui a Ă©tĂ© adoptĂ© par la Chambre des reprĂ©sentants et le SĂ©nat, avant il devient loi, Ă  prĂ©senter au prĂ©sident. Si le prĂ©sident ne l'approuve pas, le projet de loi doit ĂȘtre renvoyĂ© Ă  la maison dont il est issu, qui doit le reconsidĂ©rer. L'objection prĂ©sidentielle peut ĂȘtre annulĂ©e avec le soutien des deux tiers des deux chambres.
[45] Voir l' affaire Western Cape , au-dessus du n 40, aux paragraphes 55-56.
[46] Dans le premier jugement de certification, ci-dessus n 39, au paragraphe 123, notre Cour a statué:
«Un élément essentiel de la séparation des pouvoirs est qu'il y ait un pouvoir judiciaire indépendant. . . . Ce qui est crucial pour la séparation des pouvoirs et l'indépendance du pouvoir judiciaire, c'est que le pouvoir judiciaire doit appliquer la loi de maniÚre impartiale et qu'il doit fonctionner indépendamment des pouvoirs législatif et exécutif. »
[47] De Lange contre Smuts , au-dessus du n 42, aux paragraphes 60 Ă  61.
[48] Le Cap - Occidental cas,dessus n 40, au paragraphe 64. Conseil exécutif, ministre Cap - Occidental v des Affaires provinciales et du développement constitutionnel et autre; Conseil exécutif, KwaZulu-Natal contre Président de la République d'Afrique du Sud et autres [1999] ZACC 13 ; 2000 (1) SA 661 (CC); 1999 (12) BCLR 1360 (CC) au paragraphe 123.
[49] Article 165 (2) de la Constitution.
[50] Article 165, paragraphe 3.
[51] Article 165, paragraphe 4.
[52] [1999] ZACC 11 ; 2000 (1) SA 1 (CC); 1999 (10) BCLR 1059(CC) au paragraphe 141.
[53] Ci-dessus n 107.
[54] Mistretta c. États-Unis [1989] USSC 9 ; 488 US 361 (1989) Ă  388; Wilson c. Ministre des Affaires autochtones et des insulaires du dĂ©troit de Torres [1996] HCA 18 ; (1996) 189 CLR 1 Ă  17. [55] Wilson , au-dessus de n 54, Ă  17-20. [56] Wilson , au-dessus du n 54, Ă  19; Mistretta , au-dessus du n 54, Ă  407. [57] Mistretta , au-dessus du n 54, Ă  407; Wilson , au-dessus du n 54, Ă  9; Grollo contre Palmer [1995] HCA 26 ; (1995) 184 CLR 348, p . 366. [58]



Grollo , au dessus du n 57, 366-367.
[59] Grollo , au dessus du n 57, 365.
[60] Mistretta , au dessus du n 54, au 388.
[61] Articles 86 (2) et 128 (2) de la Constitution.
[62] Articles 86 (3) et 128 (3).
[63] Article 51, paragraphe 1.
[64] Article 52, paragraphe 2. Le président de la Cour constitutionnelle peut désigner un autre juge pour remplir cette fonction.
[65] Article 110, paragraphe 1.
[66] Article 111, paragraphe 2.
[67] Ci-dessus n 3 Ă  1158A-1159A.
[68] Il s'agit d'une tùche couramment accomplie par les juges dans les sociétés ouvertes et démocratiques. Ainsi, dansInland Revenue Commissioners et autre v Rossminster Ltd et appels connexes [1980] 1 Tous ER 80 à 87 Viscount Dilhorne, commentant la procédure d'autorisation judiciaire à l'article 20C de la Taxes Management Act, a noté:
«(I) si les termes de cet article sont rĂ©examinĂ©s par le Parlement, il pourrait ĂȘtre jugĂ© souhaitable de remplacer un juge de circuit par un juge de la Haute Cour en tant qu'autoritĂ© judiciaire appropriĂ©e. Le pouvoir confĂ©rĂ© par l'article 20C de saisir et d'enlever les biens d'autrui et le fait que les fraudes fiscales sont le plus souvent trĂšs complexes suggĂšrent qu'il devrait appartenir Ă  un juge de la Haute Cour de s'assurer des questions spĂ©cifiĂ©es au sous-al. (1) a ) et b ). En disant que je ne souhaite pas porter de rĂ©flexion sur le sergent commun. Étant donnĂ© que l'exigence selon laquelle un juge doit ĂȘtre ainsi satisfait est la derniĂšre garantie contre l'abus des pouvoirs confĂ©rĂ©s par la section, il pourrait ĂȘtre prĂ©fĂ©rable de confier la responsabilitĂ© de leur exercice Ă  un juge plus ancien. »
[69] Au-dessus du paragraphe 29.
[70] Voir l' affaire du Cap occidental au- dessus du n 40, au paragraphe 100 oĂč il a Ă©tĂ© jugĂ© que les affaires constitutionnelles ne peuvent ĂȘtre tranchĂ©es sur la base que le Parlement a agi de bonne foi ou sur la base de l'absence d'objection Ă  mesures prises au moment de sa rĂ©alisation.
[71] Voir ci-dessus, paragraphe 17.
[72] Voir ci-dessus, paragraphe 29.
[73] Au-dessus du n 54.
[74] Au-dessus du n 57. Grollo’sL'affaire concernait le pouvoir d'un juge d'autoriser la surveillance tĂ©lĂ©phonique dans le cadre d'enquĂȘtes criminelles. La majoritĂ© de la Haute Cour d'Australie a jugĂ© que cette fonction n'Ă©tait pas incompatible avec la fonction judiciaire, Ă©tant similaire Ă  la fonction d'autorisation de mandats de perquisition. Mc Hugh J Ă©tait dissident.
[75] Ci-dessus n 54 Ă  44-45 (notes de bas de page omises). Je ne dois pas ĂȘtre compris comme exprimant une prĂ©fĂ©rence pour la dĂ©cision du juge Mc Hugh ou celle de la majoritĂ©. Ces observations sont toutefois particuliĂšrement pertinentes pour les faits de la prĂ©sente affaire, dans lesquels le chef de l'UES est tenu de consacrer tout son temps Ă  des fonctions normalement exercĂ©es par des employĂ©s de l'exĂ©cutif.
[76] Bien que les juges d'État en Nouvelle-Galles du Sud puissent ĂȘtre investis de fonctions administratives en vertu du droit australien, et les tribunaux d'État ne sont pas les seuls dĂ©positaires du pouvoir judiciaire en Nouvelle-Galles du Sud, les lois des États ne peuvent pas priver les juges de leur indĂ©pendance dans l'exercice de leurs fonctions judiciaires: Kable v Le directeur des poursuites pĂ©nales pour la Nouvelle-Galles du Sud (1995-1996) 189 CLR 51.
[77] Voir ci-dessus n 8. L'article 2 (2) prévoit:
«Le président peut exercer les pouvoirs prévus au paragraphe (1) pour tout allégué -
1) mauvaise administration grave en rapport avec les affaires de toute institution d'État;
2) conduite inappropriĂ©e ou illĂ©gale de la part d'employĂ©s d'une institution d'État;
3) l'appropriation ou la dépense illégale de fonds ou de biens publics;
4) les actes, transactions, mesures ou pratiques acquisitifs illĂ©gaux, irrĂ©guliers ou non approuvĂ©s ayant une incidence sur les biens de l'État;
5) perte intentionnelle ou par négligence de deniers publics ou dommages aux biens publics;
6) la corruption liĂ©e aux affaires de toute institution d'État; ou
g) une conduite illĂ©gale ou inappropriĂ©e de toute personne qui a causĂ© ou peut causer un prĂ©judice grave aux intĂ©rĂȘts du public ou de l'une de ses catĂ©gories. "
[78] Article 14 de la Constitution.
[79] Article 39, paragraphe 2, de la Constitution.
[80] Voir ci-dessus n 77.
[81] L' article 1 de la loi dĂ©finit une «institution d'État» comme:
«[Tout dĂ©partement national ou provincial, toute administration locale, toute institution dans laquelle l'État est l'actionnaire majoritaire ou de contrĂŽle ou dans laquelle l'État a un intĂ©rĂȘt financier important, ou toute entitĂ© publique au sens de la section 1 du rapport Loi de 1992 sur les entitĂ©s publiques (loi 93 de 1992). »
Cette définition d'entité publique se lit comme suit:
«[Une] institution qui gĂšre un systĂšme d'administration financiĂšre distinct des sphĂšres de gouvernement nationales, provinciales et locales et dans laquelle l'État a un intĂ©rĂȘt financier important.»
[82] Voir ci-dessus, paragraphe 6.
[83] Article 1 de la loi.
[84] Fedsure , au-dessus du n 34, aux paragraphes 56-59.
[85] La publication officielle de la profession d'avocat. April (1999) Ă  4.
[86] Athimoolan Nadasen contre The Special Investigating Unit , affaire AR786 / 99, 31 aoĂ»t 2000, un jugement non encore rendu de la Haute Cour du Natal, dans lequel l'UES a Ă©tĂ© reconnu coupable d'avoir agi en dehors de sa juridiction aprĂšs avoir menĂ© son enquĂȘte sur une affaire qui s'est posĂ©e au KwaZulu-Natal alors qu'elle n'avait compĂ©tence que dans le Cap oriental.
[87] Konyn , au-dessus du n 25; Toto contre Special Investigating Unit et autres 2000 (5) BCLR 553 (E).
[88] Konyn, au dessus du n 25, Ă  1015H.



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